Lancer de nain
Des nains gagnaient leur vie en se montrant dans les cirques. Le nôtre, celui qui nous concerne ici, avait trouvé un autre moyen : c’était de se faire lancer. Muni d’un équipement spécial de sa conception, il proposait une attraction : « le lancer de nain ».
Le lancer de nain a été interdit en France par une circulaire ministérielle du 27 novembre 1991 : la République française a cru devoir protéger ici la dignité humaine dont le respect « est une composante de l’ordre public ». Mais qu’est-ce que la dignité humaine quand aucun texte ne la définit ? Et peut-on interdire à une personne une activité qu’elle exerce volontairement et de son plein gré pour la raison que cette activité serait contraire à sa dignité ou à celle des spectateurs ? Manifestement l’interdiction vise surtout à protéger la dignité du groupe, c’est à dire moins la dignité humaine du nain que celle collective des spectateurs : il faudrait les empêcher d’assister à un spectacle indigne d’eux-mêmes.
Après que le maire d’une commune eût interdit l’attraction du lancer de nain, son arrêté fut déféré par Monsieur le nain (un nain est aussi un Monsieur) au tribunal administratif qui l’annula, mais le jugement du tribunal administratif fut annulé par le Conseil d’Etat qui considéra que l’attraction était contraire à l’ordre public comme portant atteinte à la dignité humaine.
Espérant pouvoir retrouver son gagne-pain, Monsieur le nain attaqua l’arrêt du Conseil d’Etat devant le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies en faisant valoir qu’il avait fait l’objet d’un arrêté d’interdiction discriminatoire. Sa requête fut rejetée par une décision en date du 26 juin 2002 (Communication N° 854/1999). Le Comité a décidé que l’arrêté n’avait pas de visée discriminatoire et que s’il s’appliquait uniquement aux nains à l’exclusion des autres personnes, la raison en était qu’ils étaient les seules susceptibles d’être lancées.
De très nombreux sports concernent la projection du corps humain dans l’espace. D’abord par l’énergie du sportif lui-même, comme dans toutes les sortes de saut. Puis aussi par la gravité, comme le plongeon, le saut à skis, la parachutisme. On pourrait très bien concevoir qu’une personne, nain ou pas, se fasse projeter dans l’espace par un puissant ressort ; n’y at-t-il pas eu d’ailleurs un « homme-canon » ? On ne voit pas en quoi il peut être répréhensible au point d’être interdit qu’un nain se fasse lancer dans l’espace par un équipier, car il s’agit bien ici d’un sport d’équipe. Il n’appartient pas à l’Etat d’interdire un sport très ancien, en supposant que le lanceur pourrait prendre un malin plaisir à lancer le nain, ou que le public prendrait aussi un plaisir malsain ou immoral à le voir lancer.
SVP participez au sondage :
Si vous pensez vous expatrier aux Etats Unis, voyez Alison Berry
Pour en savoir plus : http://twistededge.org/articles/Midget_Throwing/ (site en anglaismais avec photos.
Commentaire by Christian Lesecq — 26 décembre, 2007 @ 15:20
JE SUIS POUR LE LANCER DE NAINS
Commentaire by J LUC POIRSON — 2 juillet, 2009 @ 13:38
Libre à tous de faire ce que l’on veut de son corps…
Commentaire by Libertad — 7 août, 2009 @ 13:06